California Girls/Simon Liberati
California Girls
Simon Liberati
Grasset 2016
Résumé
« En 1969, j’avais neuf ans. La famille Manson est entrée avec fracas dans mon imaginaire. J’ai grandi avec l’image de trois filles de 20 ans défiant les tribunaux américains, une croix sanglante gravée sur le front. Des droguées… voilà ce qu’on disait d’elles, des droguées qui avaient commis des crimes monstrueux sous l’emprise d’un gourou qu’elles prenaient pour Jésus-Christ. Plus tard, j’ai écrit cette histoire le plus simplement possible pour exorciser mes terreurs enfantines et j’ai revécu seconde par seconde le martyr de Sharon Tate. »
Los Angeles, 8 août 1969 : Charles Manson, dit Charlie, fanatise une bande de hippies, improbable « famille » que soudent drogue, sexe, rock’n roll et vénération fanatique envers le gourou. Téléguidés par Manson, trois filles et un garçon sont chargés d’une attaque, la première du grand chambardement qui sauvera le monde. La nuit même, sur les hauteurs de Los Angeles, les zombies défoncés tuent cinq fois. La sublime Sharon Tate, épouse de Roman Polanski enceinte de huit mois, est laissée pour morte après seize coups de baïonnette. Une des filles, Susan, dite Sadie, inscrit avec le sang de la star le mot PIG sur le mur de la villa avant de rejoindre le ranch qui abrite la Famille.
Au petit matin, le pays pétrifié découvre la scène sanglante sur ses écrans de télévision. Associées en un flash ultra violent, l’utopie hippie et l’opulence hollywoodienne s’anéantissent en un morbide reflet de l’Amérique. Crime crapuleux, vengeance d’un rocker raté, satanisme, combinaisons politiques, Black Panthers… Le crime garde une part de mystère.
En trois actes d’un hyper réalisme halluciné, Simon Liberati accompagne au plus près lesCalifornia girls et peint en western psychédélique un des faits divers les plus fantasmés des cinquante dernières années. Ces 36 heures signent la fin de l’innocence.
Mon avis
Aujourd'hui j'aimerais vous faire découvrir un livre, qui je pense, vaut vraiment le détours, surtout pour les lecteurs intéressés par les histoires vraies. Pour être honnête, je l'ai acheté sans lire le résumé! Je l'ai attrapé sur une pile de livres dans un bureau de presse! J'ai tout simplement été attirée par la jaquette (oups, superficialité quand tu nous tiens!). Mais quelques fois, le hasard fait bien les choses. D'ordinaire, je ne suis pas vraiment ''fan'' des livres dont les faits réels sont rapportés de façon romancé. J'ai toujours cette idée que je lis surtout ce qui sort de l'imaginaire de l'auteur et donc fatalement des évènements teintés de son point de vue. Hors, ici, après avoir vérifié un grand nombre des éléments racontés, je n'ai pu que reconnaître la véracité du roman. Je dois aussi avouer que je ne connaissais pas l'histoire du destin tragique de l'actrice Sharon Tate ainsi que de ses amis et par conséquent, l'existence de ce que je qualifierais personnellement de cette ''secte'' dirigée par Charles Manson. J'ai véritablement adoré ce livre, parce que je pense qu'il retranscrit vraiment les sentiments de tous les protagonistes, les tueurs, les hippies, les rockeurs, les victimes. J'ai quelques fois été mal à l'aise parce-que j'avais l'impression de me retrouver dans la peau d'une voyeuse ''macabre'', mais en réalité ce roman est intéressant à plusieurs titres. Il m'a fait découvrir le monde des hippies. Naïve comme je suis, dans mon imaginaire de trentenaire n'ayant pas connu la période, les hippies c'étaient avant tout des groupes d'amis jouant de la guitare autour d'un feu sur une plage ou dans un concert de rock... bref, petites fleurs bleues au coin de l'oreille, cheveux longs et pattes d'eph', fumant quelques substances illicites. Grâce à l'auteur, nous sommes véritablement plongés dans les années 60, au sein de ces communautés volontairement déconnectées de la réalité, cherchant à fuir un quotidien peut être trop lourd, s'évadant à coups de drogues dures, laissant libre court à leur volonté et envies primaires comme le sexe à outrance, ou les orgies... L'auteur ne nous cache rien, ni les maladies vénériennes, ni le manque d'hygiène, les puces, la crasse... nous sommes intégrés à la secte. L'autre intérêt de ce livre a été pour moi de pouvoir me faire un avis sur ce qui pousse ou non les gens à devenir des tueurs, le manque de raison, le manque d’empathie, l’embrigadement, le pouvoir d'un gourou sur des individus, la puissance de la manipulation. Comment ces individus ont-ils pu devenir des criminels aussi détachés émotionnellement des actes ils ont commis.
A plusieurs reprises, j'ai eu du mal à continuer ma lecture parce-que la description des crimes était insoutenable psychologiquement. Il y a pourtant un certain paradoxe. Plus je lisais les cruautés infligées aux victimes, plus je me sentais humaine, empathique et pleine de compassion pour les victimes. Vous êtes dans la peau d'un tueur et pourtant vous savez qu'en réalité, vous êtes trop humaine pour avoir une telle animosité cruelle en vous et vous espérez pouvoir changer les choses, arrêter le processus, communiquer votre pitié. A de nombreuses reprises j'avais envie de leur dire ''arrêtez'', ''ce n'est pas possible'', ''ils vont changer d'avis'', ''ayez pitié''. Je trouve que ce livre réveille nos sentiments et notre profonde humanité. Il nous aide à en apprendre sur nous-même. Comment rester insenssible? Ce livre est bouleversant dans la mesure où on sait que cette histoire est réelle et je pense que c'est pour cela qu'il est aussi marquant psychologiquement. C'est tout à fait le genre de lecture qui ne vous laisse pas indemne, qui amène à réfléchir sur ce qu'est la nature humaine, le côté sombre de certains individus, la pluralité des caractères humains. Le personnage de Linda a été pour moi une petite bouée de sauvetage, celle qui représente un peu la rédemption, qui nous laisse espérer qu'il y a peut être encore une étincelle de bon même chez les êtres les plus terribles.
Pour conclure, je dirai que nous connaissions les faits, ce livre nous les fait ressentir.